Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES COMPLOTS DE SAUMUR: LE GÉNÉRAL BERTON 920$

pas été préparé par lui ; qu’il était le fruit d’un grand et long mécontentement ». Mais il était mal venu à prétendre que le mouvement n’avait pas pour but de renverser le gouvernement du roi. Il se répandit en plaintes amères contre Woelfeld, qui l'avait livré ; contre Grandménil qu'il accusait, lui aussi, d’être un agent provocateur; contre Mangin qui lui prodiguait les accusations de lâcheté et qui l’empéchait de voir ses fils ; contre les précautions excessives donton l’entourait, ainsi que ses compagnons (1). Il revendiqua pour lui seul la responsabilité et dit en terminant :

« Je voudrais fournir à moi seul assez de sang pour apaiser la soif de ceux qui en sont si altérés. Pendant vingt ans, j'en ai versé sur quelques champs de bataille : j’y ai épargné celui des émigrés lorsqu'ils se battaient contre nous. J’en ai sauvé, comme bien d’autres de mes compagnons l'ont fait, et cette géncrosité avait alors ses dangers. Je n’ai jamais fait couler le sang français. Celui qui me reste est pur: il est tout français.

«J'ai exposé longtempsma vie avec gloire pour mon pays. Si je devais la perdre par la main de mes con-

(x) L'autorité déployait, en effet, des rigueurs injustifiables. Les accusés n’étaient conduits à l'audience qu’enchaïnés et dans des voitures fermées,

Le général Malartic, qui commandait à Poitiers, avait misla ville en état de siège. Toutes les rues aboutissant au tribunal

étaient barrées par les troupes. Des patrouilles parcouraient les rues pendant le jour, et pendant la nuit multipliaient les rondes.

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