Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

206 LES GOMPLOÏS MILITAIRES

citoyens, je leur présenterais encore ma poitrine avec le même courage que j'ai toujours montré devant les ennemis de la France. Nos noms, Messieurs, seront inscrits ensemble dans l’histoire. La France et l'Europe nous jugeront sévèrement et sans partialité. Quoi qu'il puisse arriver, mOn cœur n’a rien à craindre, et ma devise, comme ellea toujours été, sera celle-ci : dulce et decorum est pro patria mort.» (6 septembre.)

Les plaidoyers et les répliques occupèrent plusieurs audiences. Après la clôture des débats, le 11 septembre, Berton prit encore la parole et sollicita noblement, éloquemment, l’indulgence du jury pour ses compagnons :

« J'ai déjà eu l'honneur de vous le dire, Messieurs les jurés, si votre conscience réclame du sang, je vous offre le mien, je vous donne ma vie. Mais,au nom de l’humanité, au nom de votre propre honneur, épargnez, je vous en supplie, les hommes qui ont marché avec moi. Ils furent trompés, entraînés. Ces hommes, enfermés dans des cachots où leur pauvreté ne leur permet de recevoir aucun secours, ont souffert, depuis sept mois, toutes les horreurs de la captivité la plus rigoureuse. Rendez-les à leurs familles. Leurs parents, leurs enfants et leurs femmes vous béniront ; vos noms ne seront pas oubliés dans leurs prières, votre sommeil en $era plus tranquille, et aucun remords

n'agitera vos consciences. »