Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES PROSCRITS DE LA RESTAURATION 333

dans toutes les causes, quelles qu’elles soient : une grande douceur unie à une grande fermeté, un dévouement sans phrases pour celui qu'il avait servi. » Il s'était efforcé d'obtenir pour lui la clémence des Bourbons. Le général n’eut pas la patience de l’attendre. Il s’embarqua sur l’Albion, qui partait pour l'Europe et qui fit naufrage sur les côtes d'Irlande, le 22 avril 1822. Il ne se sauva que huit personnes, dont deux passagers. Après les chevauchées héroïques, les misères des pontons, les joies du triomphe, les revers de la gloire, l'injustice de la proscription etles amertumes de l'exil, telle fut la fin d’un des plus nobles soldats de Napoléon et de la France (1).

Lallemand, après le départ de son ami, s'était fixé auprès de la Nouvelle-Orléans. En 1823, il alla en Espagne, mais trop tard pour être utile à l’armée constitutionnelle. Il fut enfermé quelque temps à Cadix, gagna l'Angleterre et revint aux États-Unis. Il avait fondé à New-York un pensionnat qui promettait de réussir, quand il fut rappelé par les événe-

ments de 1830 à Paris (2).

(1) Le général Lefebvre-Desnouettes était né à Paris, en 173. Il laissait une femme et une fille, qui devint M” de Sancy de Parabère, dame d’honneur de l’impératrice Eugénie.

(2) L’avènement de la Monarchie de Juillet mit un terme aux aventures de Lallemand. Il trouva le repos dans un siège à la Chambre des pairs, en 1832, devint inspecteur-général de la cavalerie en 1833, gouverneur militaire de la Corse en 1835, et mourut en 1839, sans laisser de postérité,

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