Les fêtes et les chants de la révolution française

XIV PRÉFACE.

chamarré des représentants, le bonnet rouge, symbole de l'égalité, le drapeau tricolore, symbole de la patrie.

Il n’est pas jusqu'aux grands hommes de la Révolution dont l'apparence extérieure n’ait quelque chose de particulièrement significatif. Ils n'ignorent pas le prestige de l'attitude, et savent se faire voir au bon momeñt sous l'aspect qui répond le mieux aux nécessités de la circonStance. Les grands érateurs populaires, Mirabeau, Danton, se montrent parmi les foules, dans les cortèges, au théâtre. La Fayette aime à parader sur les places publiques, monté sur son cheval blanc. Les hommes de guerre, les chefs d'armée savent qu'il faut s'exposer, donner l'exemple, être vus au premier rang. Robespierre loge chez un menuisier; au milieu de sa gloire, il daigne se montrer à son peuple, vêtu d’un habit bleu de ciel et tenant à la main un bouquet d’épis. Marat habite une cave et se coiffe d’un mouchoir crasseux. Et Charlotte Corday commande un bonnet neuf pour se présenter devant le tribunal révolutionnaire. Donc, besoin de foi et besoin de spectacle, double nécessité d'occuper l'âme et les sens, telles furent, semble-t-il, les manifestations les plus caractéristiques de l'esprit public pendant la Révolution.

Rien ne répondait mieux à cet état que la célébration de fêtes capables d'attirer le peuple, de le réunir en un même lieu pour l’unir dans une pensée commune, de fixer cette pensée par des signes matériels, par une représentation extérieure propre à la fois à captiver son intelligence et à toucher son cœur. Ge besoin était si bien celui de l’époque qu’en vérité la première réunion de ce genre, la première de nos fêtes nationales, fut un rassemblement spontané des citoyens de la nation entière. Qui oserait se flatter d’avoir eu le premier l’idée de cette fête de la Fédération du 1% juillet 1790, qui fut la plus belle des fêtes qu'ait vues la France? Personne assurément : quel que soit celui qui la formula le premier, on peut assurer sans crainte qu'elle élait venue, dans le même moment, à l'esprit de tous.

Ce que l'instinct populaire inaugura dès le début fut continué pendant toute la durée de l’ère révolutionnaire.