Les fêtes et les chants de la révolution française

144 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

Plus tard, il a parlé sur le ton d’une colère qui ne se lassa pas de ce régime sous lequel « l'ignorance orgueilleuse et cruelle, ne pouvant dominer que par des moyens tyranniques, étouffait les lumières, proscrivait les talents ». David aussi fut l’objet de ses rancunes : « Je sais combien il a été injuste envers les artistes, et personne ne connaît plus que moi peut-être jusqu'où il a poussé la prévention ». Le rapprochement de ces souvenirs avec l'éviction dont il avait eu à souffrir aux trois principales fêtes dirigées par David (10 août 1793, Être suprême, Bara et Viala) n’est pas pour démentir ces paroles.

Mais revenons en prairial.

Donc, Robespierre a parlé. Ses deux ordres sont parfaitement distincts : 4° ne pas chanter les vers de Chénier, 2 faire chanter un Hymne à l'Étre suprême par tout le peuple.

Le premier entraînait-il nécessairement le retrait de la musique déjà composée par Gossec? Point du tout, s’il était possible de la chanter sur d’autres paroles : un morceau de ce style était au contraire indispensable à la place qui lui était assignée dans la cérémonie du Champ de Mars.

C'est ici qu'entre en scène, comme un Deus ex machin, le poète d'occasion (jamais cette qualification ne fut mieux appliquée!) Théodore Desorgues, qui va sauver la situation, — et désormais les gasconnades vont avoir beau jeu ! Songeons y : Desorgues était tout fraîchement débarqué d’Aix en Provence, et nous connaissons déjà Sarrette! Le nouveau venu était fils d’un avocat; il avait pour signe particulier, au rapport unanime de ceux qui ont parlé de lui, d’être bossu, et il professait un républicanisme exalté. Sous l'Empire, il se lança dans l’op-