Les fêtes et les chants de la révolution française

LA FÊTE DE L'ÊTRE SUPRÊME. 145

position, fut interné comme fou, et mourut en 1808. La tête de l'Être suprême fut son plus beau jour de gloire.

Les tardifs narrateurs de cette histoire, tout en apporjant certaines lumières qui sans eux feraient défaut, sont, dans le détail, incertains et contradictoires. Et d'abord, c'est à eux qu'est due cette fâcheuse confusion des deux Hymnes à l'Être suprême en un seul qui a rendu si difficile à ceux qui sont venus plus tard la tâche dese reconnaître. Heureusement ce chaos est débrouillé; nous savons maintenant quil existe deux Hymnes à lÊtre supréme : le « grand chœur », dont Gossec a composé la musique sur les vers de Chénier, et qui est achevé au moment où nous sommes parvenus; le « petit chœur », encore à mettre, en musique lorsque apparaît Desorgues, puisque c’est lui qui en apporte les paroles.

Au dire de Zimmermann, parlant d'après Sarrette, c'est celui-ci qui, aussitôt après son entrevue avec Robespierre, serait allé demander à Desorgues de parodier l'hymne de Chénier. D’après Adolphe Adam, Desorgues serait venu lui-même lui présenter ses vers. P. Hédouin, rapportant les souvenirs de Gossee, dit au contraire : « Le lendemain à six heures du matin (quelle précision admirable! après soixante ans!) Théodore Desorgues arriva, conduit par le hasard, chez Gossec, et lui proposa de mettre en musique des paroles qu’il avait faites sur le sujet à l’ordre du jour. » Voilà des renseignements qui ne s'accordent guère. Il est permis, je pense, de les récuser tous trois, au moins dans leurs détails, et de leur substituer une conjecture mieux d'accord avec la réalité des choses, à savoir que Desorgues ne fit point ses vers pour remplacer ceux de Chénier, mais qu'il les avait composés dès avant ces incidents, et portés à l’Institut national de musique, à qui il en fut

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