Les fêtes et les chants de la révolution française

150 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

Quoi qu'il en soit de cette chronologie fantaisiste, il est vrai que l’'Hymne à lÊtre suprême à petit chœur fut prêt à temps, qu'il fut exécuté dans les conditions ordonnées, et que cette œuvre improvisée fit honneur à Gossec plus que de vastes compositions conçues dans le calme et mürement réfléchies.

C’est un chant d’une forme très simple, très mélodique, d’un style soutenu, plutôt dans le caractère d’un cantique que d’un hymne national : le rythme en est familier, et, si le mouvement n’était l'imposant larghetlo, ferait facilement songer aux allures du vaudeville ; mais Gossec avait été contraint de mettre son art à la portée du peuple, et il a vraiment réussi à créer un chant capable d'y pénétrer. Aucun morceau de lui ne fut aussi célèbre. Dans sa vieillesse, longtemps après la Révolution, ses amis aimaient à le lui chanter, évoquant devant lui les souvenirs des luttes passées, le temps où il gouvernait la république musicale.

Bref, au milieu des heurts, nous voilà arrivés à l'avantveille de la fête. Désormais, les documents vont abonder : l'histoire de la musique française ne saurait ambitionner des renseignements plus complets que ceux qu’elle possède sur les trois journées des 18, 19 et 20 prairial an II.

Et d’abord, les musiciens, dont le zèle avait pu paraitre un instantrefroidi, voulurent manifester, par des phrases comme on savait en faire en ce temps-là, leur dévouement à la cause de l’art populaire. Voici la lettre que: d'un accord unanime, les plus éminents signèrent et envoyèrent au Comité de Salut publie :

Représentants du peuple, La Convention nationale, en décrétant des fêtes dignes de la