Les fêtes et les chants de la révolution française

132 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

GARDE NATIONALE. COMMUNE DE PARIS Corps DE MUSIQUE. LE 18 pRarRIAL 1794 L'an second de la République française L'Institut national au Comité civil de la section le Pelletier. Citoyens,

Nous vous invitons à envoyer les écoles primaires de voire section à celle de lInstitut, rue Joseph, section de Brutus, cet après-midi à trois heures, pour y répéter hymne consacré par le Comité de Salut publie pour être chanté à la Fête de PÉtre suprème.

Salut et fraternité, SARRETTE.

Mais le plus beau fut ce qui se passa le soir du 19. Les plus grands artistes qu'il y eût en France, les plus illustres maîtres dont s'honore aujourd’hui l'histoire de la musique, vinrent se mêler au peuple de Paris, allèrent le trouver chez lui, et lui enseignèrent eux-mêmes les chants par lesquels, le lendemain, les voix, comme les cœurs, vibrèrent à l’unisson. Il avait été convoqué, ce peuple, à s’assembler au siège de toutes les sections. Dans chacune, on avait dû faire au préalable un choix parmi les plus belles voix du quartier, pour constituer les chœurs des mères, jeunes filles, vieillards, guerriers; adolescents, — par section, 50 chanteurs, qui, multipliés par 48, formèrent en définitive un ensemble de 2400 voix. Mais il n’y avait pas qu'eux à instruire, car les refrains devaient être repris par tout le peuple, et lHymne à l'Être suprême lui-même chanté par lui. C'est bien le cas de reprendre ici le mot de Berlioz, et de dire que « tout ce qui avait une voix, un cœur et du sang dans les veines » était réuni le 19 prairial au soir dans les sections de Paris, pour y apprendre à chanter sous la direction des musiciens de l’Institut national.

Ceux-ci avaient été envoyés nominalement à leur destination pour une « lettre de députation » dont voici le