Les fêtes et les chants de la révolution française

158 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

le Délail des cérémonies, qu'on vendait dans les rues, et l'Instruction particulière pour les commissaires précisaient jusqu'au moindre détail, sans rien laisser à l'initiative spontanée. Ils prévoient tout; ce sont de véritables ordres de manœuvre. Ils en ont jusqu’au style : en lisant ces programmes d'opérations si habiles, concis et complets tout ensemble, on serait tenté de croire que Bonaparte, ami de Robespierre, a, de la coulisse, donné ses conseils pour la rédaction!

Le jardin était tout entier occupé par le peuple, — du moins le peuple formé en troupe, car l'Instruclion pour les commissaires informait catégoriquement « les citoyens et les citoyennes qui ne marcheraient point avec leurs sections » qu’ils eussent « à s'abstenir d’entrer dans le Jardin national, car ils nuiraient à l’ordre si nécessaire à observer dans les fêtes nationales ». Les sections étaient formées en deux colonnes marchant sur six de front, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre; au centre, sur huit de front, s’avançait le bataillon des adolescents, portant le drapeau et les flammes. À l’arrivée au jardin, les commissaires désignés conduisaient chaque groupe à sa place, marquée par des jalons. Ces commissaires étaient des « citoyens artistes », at nombre de vingt-sept, auxquels étaient adjoints cinquante membres de la Société des Jacobins, la « S0ciété-mère ». Une de leurs missions était d’ « inviter les citoyens et citoyennes à conserver l’ordre et la tranquillité qui peuvent seuls donner à la fête le caractère auguste qui lui convient ». Ils étaient chargés en outre de distribuer aux hommes des branches de chêne, aux jeunes filles des corbeilles de fleurs, et les strophes de Chénier à tous ceux qui savaient lire et étaient capables de chanter l'air de la Marseillaise.

Tandis que le gros de l'armée populaire occupait les