Les fêtes et les chants de la révolution française

160 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

la plus intéressante portion de l'humanité! O nature, que ta puissance est sublime et délicieuse! — Comme les tyrans doivent pâlir à l’idée de cette fête! » Puis il restait silencieux. Il portait son célèbre habit bleu barbeau et la culotte de nankin, avec l’écharpe autour du corps et les plumes tricolores au chapeau. Éléonore Duplay avait composé pour lui un magnifique bouquet, qu’on lui vit à la main pendant la matinée; mais quand on vint l’appeler pour prendre sa place à la tête de la Convention, dans sa précipitation il l'oublia chez Villate.

Midi étant sonné et tout en ordre, la Convention parut au balcon des Tuileries, et, passant sur l’estrade, s’y rangea. Pour la première fois le peuple de Paris -vit les représentants dans leur costume officiel; trois jours auparavant, en effet, sur une proposition de Barère, un décret avait été pris, en attendant le rapport que préparait David sur le costume national, pour ordonner que les membres de la Convention revêtissent à la fête ‘du 20 prairial le costume des représentants du peuple près les armées et dans les départements; mais ils n@ furent pas astreints à l’habit d'ordonnance et ne portèrent pas le sabre « inutile dans des fonctions qui ne sont pas militaires ». La ceinture tricolore et le chapeau rond surmonté de trois plumes aux couleurs nationales, la rouge plus haute, furent, en ce jour, leurs seuls insignes distinctifs.

L'Institut national de musique, précédant la Convention en jouant « une musique éclatante », alla se placer sur la rampe de droite, dont elle occupa toute l'étendue; sur la rampe de gauche pril place le chœur des musiciennes, vêtues de blanc, parées de couronnes de fleurs et de rubans tricolores, « et cette disposition formait un tableau superbe ».