Les fêtes et les chants de la révolution française

LA FÊTE DE L'ÊTRE SUPRÊME. 161

La musique se tut, el Robespierre commença son discours.

Quand l’orateur s’arrèta, le peuple chanta l’Hymne à l'Étre suprême.

L’orchestre joua d’abord, en manière de ritournelle, jes seize mesures de l'hymne, dans un mouvement lent, « très gracieux et religieux »; puis les musiciennes entonnèrent à l'unisson la strophe : « Père de l'Univers »; enfin le peuple, attentif au signal de ceux qui l'avaient enseigné, unit ses milliers de voix au chœur des musiciens soutenant son chant par leurs accords. « Ils célébrèrent, par ce concert unanime et harmonieux, le Dieu qui a répandu l'ordre et l'harmonie dans l’univers. » (Bontemps et Barry.) « Les hymnes, empreintes d'un caractère éminemment grave el religieux, et bientôt répétées par tout le peuple, semblaient être des chants sortis de tous les cœurs, qui s’élevaient vers le ciel sur les ailes de l’ardente espérance. » (Tissot.\ Minute émouvante, où l’âme du peuple entier s’exhala en s’unissant en un chant collectif et universel!

Quand les derniers sons furent éteints, Robespierre descendit vers le monument symbolique, saisit une torche enflammée, et mit le feu aux voiles noirs qui recouvraient l’Athéisme : le monstre en carton peint s’embrasa, et bientôt, du milieu de la flamme, dans le bruit des pétards, on vit surgir la Sagesse, — éblouissante de blancheur, ont dit les uns, — un peu noircie, ont insinué de méchantes langues. Puis, remonté sur sa tribune, Robespierre prononça la seconde partie de son discours : « Il est rentré dans le néant, ce monstre que le génie des rois avait vomi sur la France, etc. »; les musiciens lui répondirent par de nouveaux chants.

Ce prologue terminé, le cortège se forma au son des 11