Les fêtes et les chants de la révolution française

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nourriture du corps et de l'esprit : une charrue surmontée d’une gerbe de blé, et une presse d'imprimerie, l’un et l’autre ombragés par un chêne qui, placé à côté de la Liberté, « indiquait que les arts ne fleurissent que sous son empire ». Le char était si grand que lorsqu'on voulut le remiser dans le magasin affecté à la conservavation du matériel des fêtes nationales, aux MenusPlaisirs, il fallut, faute d'une porte de dimensions suffisantes, le laisser dehors pendant plusieurs jours, et ouvrir une brèche pour le faire passer. Tel le cheval de Troie!

L’immense procession laïque défila dans ce bel ordre des Tuileries au Champ de Mars, par l'Esplanade et l'École militaire. Devant l’hôtel des Invalides, les vieux braves s'étaient groupés. « Ils se levèrent à l’aspect de la Convention, raconte Boissy d'Anglas, et, portant leurs mains au ciel, ils jurèrent tous à la fois de mourir pour la liberté si elle avait besoin de leur appui. Un sentiment religieux força la représentation nationale de s'arrêter devant ces vieillards, presque tous couverts d'honorables blessures, comme pour recevoir leurs serments, et surtout pour honorer leur vicillesse. La musique qui nous précédait exécuta des chansons guerrières, et les yeux de ces braves gens me parurent étinceler d'un nouveau feu, lorsque les airs retentirent des accords qui rappelaient leur antique gloire. » — Ce fut aussi dans cette partie de la fête que la — politique l’emportait malgré tout — Robespierre entendit des paroles de baine venir Jusqu'à lui, et se trouva un moment isolé, séparé de ses collègues qui, le laissant marcher en avant d'eux, voulurent marquer qu’ils n'étaient point avec lui, — qu'il était seul.

LA FÊTE DE L'ÊTRE SUPRÊME. 163

Le Champ de Mars présentait un aspect que les