Les fêtes et les chants de la révolution française

164 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

Parisiens ne lui connaissaient pas encore. Sur l’emplacement que l’autel de la Patrie avait occupé depuis le f4 juillet 1790, une montagne s'élevait, dont les côtes escarpées pouvaient porter plusieurs milliers de personnes, et sur laquelle étaient arrangés pittoresquement des rochers, des grottes, des arbres, des ronces. Cette montagne, c'était l'autel même : l’encens brülait autour et sur ses pentes, s’élevant vers le ciel en longues fumées. La Convention monta jusqu'au sommet. Immédiatement au-dessous prit place l'immense corps de musique, formé des chœurs de tous les théâtres et de la masse compacte des instruments à vent. Sur les côtés se rangèrent les deux mille quatre cents chanteurs envoyés par les sections ; les hommes — vieillards et adoles: cents — à droite; les femmes — jeunes filles et mères — à gauche. Les bataillons carrés des jeunes gens entouraient la montagne; la double colonne du peuple se développa dans le Champ de Mars, celle des hommes d'un côté, celle des femmes de l’autre. Ainsi, tout le peuple de Paris devint un chœur immense, disposé de façon que les voix différentes pussent se répondre dans un ordre aussi parfait que sur la scène lyrique la mieux ordonnée. En avant de la montagne se dressait une colonne en haut de laquelle montèrent des trompettes, dont le rôle fut de signaler le moment où le refrain en chœur devait ètre repris par le peuple. Une flamme en étolfe tricolore, commandée par Sarrette, était aussi destinée à faire des signaux visibles au sommet de la montagne.

Quand tout le monde fut placé et que les instruments eurent fini d'accompagner les dernières évolutions du cortège, Gossec leva son bâton de commandement, et le corps de musique exécuta, conformément aux instruc: tions données par le Délail des cérémonies, | « hymne à