Les fêtes et les chants de la révolution française

LA FÊTE DE L'ÊTRE SUPRÊME. 165

Ja Divinité » qui ne pouvait vraiment pas faire défaut à une pareille heure. Quel fut cet hymne? Nous savons que ce n’était pas l'harmonieux et imposant Hymne à PÊtre suprême que le vieux maître avait préparé de sa main savante et où il avait mis toute sa foi et tout son cœur. Parmi les témoins qui, ignorant l'incident qui en avait si malencontreusement empêché l'exécution, penstrent que le programme était fidèlement suivi sur ce point comme en tout le reste, quelques-uns crurent l'avoir entendu : ils se trompent, nous le savons; mais il résulte de leurs rapports mêmes qu'un chant de caractère analogue fut exécuté à sa place, — et de cela tous sont d'accord. Certains de leurs renseignements pourraient faire croire que l’'Hymne à l'Être suprême des Tuileries (le « petit chœur » de Desorgues et Gossec où les voix du peuple alternaient avec le chœur des musiciens) fut répété au Champ de Mars, et cela n'est pas impossible. Mais il en est un surtout qui paraît mériter d’être retenu : c’est celui de Tissot, témoin oculaire, qui, dans son Histoire complète de la Révolution française, parlant des chants « consacrés à la cérémonie » lesquels furent « répétés avec de nouveaux transports » au Champ de Mars, donne ce détail précis : « Celui qui commence par ce vers :

Dieu du peuple et des rois, des cités, des campagnes,

produisit une espèce de frémissement intérieur et de recuecillement religieux que l’on ne saurait exprimer même après l'avoir senti au milieu de cinq cent mille témoins, tous frappés de la même émotion ».

Cet hymne, c'est le Chant du 14 Juillet, qui, lui aussi, est à sa manière une façon d'Hymne à l'Être suprême :

Dieu du peuple et des rois, des cités, des campagnes, De Luther, de Calvin, des enfants d'Israël,