Les fêtes et les chants de la révolution française

166 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

Toi que le Guèbre adore au fond de ses montagnes En invoquant l’astre du ciel,

Ici sont rassemblés sous ton regard immense

De l'empire francais les fils et les soutiens.

N'était-ce pas la, à défaut de celui qui avait été composé tout exprès, le chant qui résumait le mieux la pensée de la journée? Et sa musique, la plus belle qu’ait inspirée la Révolution en dehors des chants de guerre, ne s'y appliquait-elle pas d’une façon parfaite? Il est naturel que les musiciens de l’Institut, ne pouvant exécuter le grand Hymne à l'Élre suprême, l'aient, au dernier moment, remplacé par le chant antérieur qui était, à tous égards, le plus digne de prendre la place.

La réunion était exclusivement consacrée à la musique. Quelle parole, en effet, eût pu se faire entendre après tout ce fracas harmonieux de voix et d'instruments? Une symphonie succéda à l’Hymne à l'Étre suprême : lon ne nous indique pas l’auteur, mais il est probable que ce fut une de ces symphonies militaires que Gossec avait écrites pour les fêtes nationales, à commencer par la première de toutes, la bénédiction des drapeaux de 1789.

Cependant, l'instant approchait où le peuple allait prendre au concert la part prépondérante. Considérons qu’il ne s'agissait point là d'un simple effet musical. Non, l’idée qui présidait à cette exécution était plus haute. Le lieu, l'heure étaient les mêmes où, quatre années en deçà, avait été prononcé le serment solennel de la Fédération. Mais, au 44 juillet 1790, une voix seule avait parlé au nom de tous, et le peuple, qui ne l'avait pas entendue, se bornait à lui répondre, de confiance, par de vagues acclamations.

Cette fois-ci, le serment fut prononcé effeclivement par tous. Le refrain de Chénier, adapté à la mélodie d'une