Les fêtes et les chants de la révolution française

178 FÊTES ET CIHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

Gossec ne composa donc aucune œuvre nouvelle pour le concert du 26 messidor an II. Cependant le peuple fut admis à entendre l’œuvre récente que les circonstances connues n'avaient pas permis d'exécuter encore publiquement : l’Hymne à l'Être suprême à grand chœur, dans son arrangement en deux parties sur les vers de Desorgues. En mème temps que la première audition, c'en fut aussi la dernière : le 9 thermidor était proche, et, après Robespierre, il ne fallut plus songer à mettre un tel déploiement de solennité pour chanter V'Étre suprème. Du moins Gossec eut la consolation d'entendre une fois son œuvre dignement interprétée, puisqu'il eut à sa disposition un aussi grand nombre d'exéecutants qu’il en pouvait désirer, et des meilleurs.

Catel lui succéda au programme, avec une œuvre nouvelle : la Bataille de Fleurus, sur les vers d’une ode de Lebrun, — composition estimable, où l'élève s'inspire de l'exemple donné par son maître avec l'Hymne à la Nature du 10 août 1793 et le grand Hymne à l'Ëtre suprême dans son développement primitif. Du moins, dans cette cantate à plusieurs mouvements, où l'ancienne forme du chant à couplets a fait place à un développement plus symphonique, Catel eut-il le mérite de ne pas sacrifier, malgré le titre, à la musique descriptive : il n'a pas cherché à peindre les phases du combat, et l’on n'entend dans sa Balaille de Fleurus ni limitation du canôn, ni les sonneries de la charge; c’est une sagesse dont il convient de lui tenir compte.

Le troisième nom que nous ayons à relever sur Ce programme du 14 juillet 1794 est celui de Méhul, qui, ce jour-là, fit son véritable début de compositeur dans les fêtes nationales (car son Hymne à la Raison n'était qu'un essai à célé des solennités officielles). Et, pour son coup d'essai, ce fut un coup de maître : l'œuvre