Les fêtes et les chants de la révolution française

NF

L'ART RÉPUBLICAIN EN L'AN I. 179

qu'il donna au Concert du peuple est celle qu'il faut nommer la première parmi la production lyrique due aux fêtes de la Révolution française. C’est le Chant du Départ.

III

Le Chant du Départ a eu l'honneur d’être appelé la seconde Marseillaise. Ce n’est point là un titre usurpé : on retrouve dans cette œuvre splendide presque l’équivalent de l'inspiration de flamme qui a créé le chant national. Elle en a presque la spontanéité; elle traduit aussi fidèlement l'aspiration du temps qui l’a vu naître. La Marseillaise, c'était déjà un chant du départ, le départ pour la guerre à son premier jour : maintenant deux ans ont passé, et Chénier date son nouveau poème quand il commence par ce vers admirable :

La Victoire en chantant nous ouvre la barriere!

Autant nous sommes bien éclairés sur toutes les circonstances de la composition du chant de Rouget de Lisle, autant divergent les renseignements que nous possédons sur l’origine de l'hymne dû à la collaboration de Marie-Joseph Chénier et de Méhul. Ces renseignements mêmes sont rares : il n’en est, en tout cas, pas un seul qui ne soit d’au moins trente ans postérieur à l'époque de cette création, et ils sont si loin de s'accorder ensemble que l’on a pu lire deux récits du même auteur disant des choses parfaitement différentes! Après les avoir tous examinés très attentivement, et tout en convenant qu'il est impossible de se prononcer avec certitude ni sur la date exacte ni sur les circonstances de la composition du Chant du Déparl, j'en suis arrivé à penser que la plus grande vraisemblance reste encore en faveur d'une tradition provenant du lieu