Les fêtes et les chants de la révolution française

Fe

armée de Sambre-et-Meuse s’est couverte de nouvelles gloires ! Tournay, Mons, Bruges, Ostende, sont au pouvoir des Français. De nouveau, Barère en fait le rapport à la tribune; le président clôt l'incident en déclarant : « L'Institut national de musique célébrera ce soir, à 8 heures, dans le Jardin national, les victoires que vous venez d'apprendre. »

Les musiciens furent fidèles à la convocation: le {1 et le 16 messidor, dans le jardin illuminé, sur l'estrade élevée pour la fète à l'Être suprême, et qui servira de nouveau pour le 14 juillet et les fètes de la fin de l’année, l’Institut national et un grand nombre d'artistes des théâtres jouèrent pendant deux heures des airs patriotiques et guerriers, des hymnes et des chœurs. La musique était écoutée en graud silence; puis, le programme sérieux étant épuisé, le peuple, au milieu des chants et des cris de joie, se mettait à danser : « C’est, disait-on, l'invincible Cobourg qui paie les violons! »

Ces concerts improvisés ne pouvaient pas avoir grand intérêt musical, et nous n’en aurions même pas parlé si les organisateurs, avec leur activité étonnante, n’eussent trouvé moyen d'y faire entendre deux, et peut-être trois chants patriotiques inédits, dus à des maîtres : l’un est l'Hymne à la Victoire sur la Bataille de Fleurus, de Lebrun et Catel (qu’il ne faut pas confondre avec la Balaille de Fleurus, des mêmes auteurs, exécutée dix jours plus tard, le 44 juillet), un chant simple, à l'unisson, de formes analogues au Chant du Départ, fièrement rythmé, en somme une des plus estimables compositions de Catel en ce genre, quoique faite très rapidement — peutêtre pour cela. Le second est le Chant des Victoires, de Méhul, sur des vers de Chénier. Celui-ci, tout au contaire, est une des inspirations les moins heureuses du

L'ART RÉPUBLICAIN EN L'AN II. 189

compositeur. Mais pouvait-on exiger qu'il improvisäl