Les fêtes et les chants de la révolution française

192 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

entendre de distance en distance le cri funèbre : « Ils sont morts pour la patrie ! », sur des accords notés par Méhul.

Arrivés sur la place du Panthéon, les groupes s'arrêtent et se disposent à leurs places respectives. Les chanteurs disent un chœur « d'un effet large et sombre, dans lequel s’exhalent les plaintes et l'horreur contre le fanatisme et le fédéralisme ». Les danseurs continuent leurs évolutions funèbres. Le monument, orné de voiles de deuil, reste clos. Enfin la porte s'ouvre et l’apothéose commence. Les tambours battent; le canon tonne, le chœur fait succéder aux accents lugubres ce cri triomphal : « Ils sont immortels! » mis en musique par Méhul comme le précédent, il chante la dernière strophe de l'hymne :

Autour de ces urnes sacrées, Flottez, drapeaux, sonnez, clairons!

Pendant ce temps « les danseuses, d’un pas joyeux, répandent des fleurs sur les urnes, en font disparaitre les cyprès; les danseurs, par des attitudes martiales qu'accompagne la musique, célèbrent la gloire des deux héros ».

C'était là le développement complet de l'idée que nous avons vu ébaucher lors de la fête funèbre en l'honneur des victimes du 10 août, et que Berlioz réalisera plus tard, avec toutes les ressources de l’art orchestral, dans sa Symphonie funèbre et triomphale : l’apothéose succédant aux chants funèbres. L'originalité de la conception de David consiste en ce que, pour arriver à ce but, ila voulu associer tous les arts en un même ensemble, baïmonieux à l'œil comme à l'oreille. L'on ne peut s’empécher de rapprocher cette conception de celle de l'art grec, où J’orcheslis n'était autre que l’union de la poésie;