Les fêtes et les chants de la révolution française

du Peuple, chant de ralliement des thermidoriens. Elle donna lieu, dans les cafés et les théâtres, à des scènes tumultueuses que nous ne raconterons pas; dix-huit mois après thermidor, les incroyables et les merveilleux, assis au balcon de Feydeau, le théâtre à la mode, faisaient encore un tel tapage autour d'elle que, par un arrêté du 18 nivôse an IV, le Directoire fit défense

expressément « de chanter, laisser ou faire chanter sur les théâtres l'air homicide du Réveil du Peuple ».

DU 9 THERMIDOR AU 18 BRUMAIRE. 199

ITI

La première fête que le peuple ait eu à célébrer après la chute de Robespierre était un legs de quatre-vinettreize. Les 24 et 26 brumaire an II, en la décade même commencée par les fêtes de la Raison, la Convention avait décrété que les honneurs du Panthéon seraient décernés à Marat, et que « le jour de son apothéose serait une fête pour toute la République ». Le 5 frimaire, elle ajouta, « considérant qu'il n’est point de grand homme sans veriu », que le corps de Mirabeau serait retiré du Panthéon et remplacé par celui de l'ami du peuple. Cette solennité ne dut point paraître urgente, puisqu'en thermidor rien n’en était encore accompli. Elle fut fixée définitivement au dernier jour de l'an II (21 septembre 179%) « cinquième jour sans-culottide » pour employer le mot sans respectability qui était alors d'usage. Mais en réalité, l’on s’arrangea pour que la fète eût un caractère de généralité et qu’il y fût le moins possible question de Marat.

Une cérémonie préliminaire, la plus importante partie de la journée, eut lieu au jardin des Tuileries, sur l'emplacement si favorable inauguré à la fète de l’Être suprême, et qui avait servi depuis aux « Concerts du