Les fêtes et les chants de la révolution française

204 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

Au moins, pour sa composition nouvelle, put-il disposer d'un délai de trois jours et trois nuits, — avec le mal de dents par-dessus le marché! Son Hymne à Jean-Jacques Rousseau ne compte d’ailleurs pas au nombre de ses meilleures productions, encore qu'on y constate un souci d'appropriation louable : la musique est écrite daus un style naïf et pastoral, qui vise à imiter celui du Devin; el si, par malheur, les vers de Chénier se prètaient médiocrement à cette interprétation, Grossec a trouvé par endroits quelques accents naïfs, avec des tournures de vieilles romances, qui forment une évocation musicale intéressante.

Même en plein air les musiciens ne cessèrent pas de jouer les airs de Rousseau. « Cette musique simple et pleine d’expression faisait éprouver à l’âme un attendrissement religieux bien analogue à la circonstance. » Derrière les musiciens marchaient les délégations de genres divers : d’abord, des botanistes, portant une bannière avec cette inscription : « L'étude de la nature le consolait de l'injustice des hommes »; puis des artisans, ayant en main l'outil de leur profession, et, sur leur bannière, cette devise : « Il réhabilita les arts utiles ». Plus loin, des citoyens portaient les tables des Droits de l’homme. Enfin, la statue de la Liberté, sur un char, précédait la Convention, qui fermait le cortège. Au Panthéon, Cambacérès prononce un discours, en qualité de président de l'Assemblée, et l'hymne de Chénier et Gossec fut de nouveau chanté.

Décadi suivant, 30 vendémiaire, fète des Victoires, ou fète de l’école de Mars.

À la même époque avaient lieu dans la Convention les discussions sur les fètes nationales et décadaires, où Chénier, exprimantle sentiment général de l’'Assem-