Les fêtes et les chants de la révolution française

206 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

militaires eux-mêmes. Le bataillon des élèves de l’école de Mars simula l'attaque et la prise d’une forteresse; puis la Convention, qui avait observé ce spectacle du haut de la montagne élevée pour la fête à l'Être suprême, descendit processionnellement, et, précédée du char de la Victoire, se rendit au Temple de l’Immortalité, où des trophées furent déposés, et les noms des quatorze armées et de leurs victoires inscrits sur une pyramide. Le Chant du Départ eut dans cette journée sa troisième exécution solennelle. En outre, un nouvel hymne y fut donné, et un nouveau maître s’y révéla pour la première fois dans le domaine de la musique nationale : Lesueur, avec le Chant des Triomphes de la République française, sur une ode de La Harpe. Et ce fut encore une acquisition précieuse pour la musique nationale, on put en juger dès ce premier jour.

L'ancien chef de la maîtrise de Notre-Dame, qui naguère avait tenté de réformer la musique religieuse dans un esprit très moderne, ne pouvait manquer d’apporter un concours efficace aux cérémonies nationales, lesquelles ouvraient un si vaste champ à son activité. son génie est différent, certes, de celui des autres musiciens contemporains. Il ne suit pas comme eux aveuglément les tendances classiques. Esprit chercheur, ne se contentant pas de suivre les sentiers battus, mais visant toujours très haut, occupé sans cesse à découvrir des voies nouvelles et à regarder vers l'avenir, on pouvail craindre qu'il ne sût pas se plier aux contingences avec lesquelles il faut compter lorsqu'on veut adapter l'art aux besoins du peuple. Peut-être en effet quelques autres s'y soumirent-ils mieux, et toutes les œuvres qu'il fit en ce genre ne sont pas d'égale valeur. Celle-ci, la première qu'il ait donné aux fêtes nationales, en la forme simple et sans développement dans laquelle il a