Les fêtes et les chants de la révolution française

consenti à s’enfermer (non sans effort, car on sent qu'il se contraint pour ne la pas faire craquer) est une de ses meilleures : à travers des formules connues, on y sent un jaillissement au travers duquel on pressent l'action d'une âme impulsive. Son chant est fier : il n’a pas le même genre d’ardeur que le Chant du Départ ou la Marseillaise; Son accent a quelque chose de moins général, qui n’entraîne pas autant, mais qui pourtant sait aller

DU 9 THERMIDOR AU 18 BRUMAIRE. 207

au cœur. Au reste, comment une nature généreuse comme celle

de Lesueur aurait-elle manqué d'enthousiasme pour chanter les triomphes de la patrie, l'artiste en füt-il réduit à mettre en musique des vers aussi ridicules que les strophes de La Harpe qui lui furent confiées?

Passons rapidement sur les fêtes de même caractère célébrées dans les années qui suivirent.

Ce fut d’abord, le 10 prairial an IV (29 mai 1796) la « fête de la Reconnaissance et des Victoires » en Phonneur des premiers succès remportés en Italie par l'armée de Bonaparte. Le Champ de Mars fut orné et disposé dans un goût de régularité classique qui déjà fait songer aux formes raides et officielles de l'Empire, et les évolutions militaires tinrent une large place au programme. « Des symphonies, des chants civiques et des décharges d'artillerie précéderont, accompagneront et suivront cette cérémonie », dit le programme. On couronna les drapeaux. Comme d'usage, plusieurs morceaux de circonstance furent produits. Le vieux Gossec écrivit encore deux hymnes : un Chant martial pour la Fêle des Victoires du 10 prairial an IV° de la République :

Si vous voulez trouver la gloire, Cherchez-la dans les camps français:

Puis un Hymne à la Victoire, paroles de Coupigny dont