Les fêtes et les chants de la révolution française

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DU 9 THERMIDOR AU 18 BRUMAIRE. 209

du cortège, portaient les objets scientifiques et les bêtes curieuses; après eux marchaient quatre animaux dont la vue excita au plus haut point la curiosité des Parisiens : deux chameaux et deux dromadaires!... Une seconde section renfermait six chars portant des manuscrits, des livres, des médailles, etc. Enfin la marche était fermée solennellement par un défilé de vingt-neuf chars sur lesquels on avait placé des statues antiques, la Transfiguralion de Raphaël, des Titien, des Véronèse, etc. Le buste de Junius Brutus était porté sur les épaules par des défenseurs de la République. Des citations de Tacite, des vers de Voltaire étaient inscrits de tous côtés.

Ce cortège traversa tout Paris et fut rassemblé en dernier lieu au Champ de Mars. Certes, la musique devait, en un tel jour, être reléguée au second plan; elle ne fut pourtant pas complètement négligée. Quand le défilé des chars arriva au Champ de Mars, il fut recu par de larges el puissants accords. Un orchestre symphonique accompagna tout d’abord aux choristes du Conservatoire le Carmen sæculare de Philidor; puis, après cette page classique, l’on entendit une œuvre nouvelle, de vastes proportions, l’Ode pour la Fête de la Liberté, de Lesueur, sur des vers de Lebrun, avec ce début très académique :

Réveille-loi, lyre d'Orphée, Enfante de nouveaux concerts : Jamais aux rives de l’Alphée, Pindare ne chanta de triomphes plus chers!

Mais le refrain s’appliquait à des préoccupations plus modernes :

France heureuse, quelle est ta gloire! Tu vois les chefs-d’œuvre des arts Conquis des mains de la victoire Embellir tes nobles remparts.

Et la composition musicale est encore de grand style :

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