Les fêtes et les chants de la révolution française

210 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

musique à fresque, pourrait-on dire; et en effet c’est bien à cela que s’appliquait de préférence le génie de Lesueur.

Combien d’autres œuvres ont été écrites pour célébrer les victoires ou les efforts des armées françaises! Les plus illustres maîtres, Grétry, Gossec, n’ont pas dédaigné de signer de simples chansons patriotiques. L'on vit par exemple l’auteur du Tableau parlant emboucher la trompette guerrière pour accompagner des « Couplets du citoyen Patriophile, dédiés à nos frères de Paris », lesquels furent chantés au Théâtre-Italien. De Gossec, outre les hymnes déjà cités, nous pouvons signaler encore une Chanson palriolique pour le succès de nos armes. Jadin compose une Ode à l'Armée; Martini, Kalkbrenner, chacun un Chant lriomphal. Rouget de Lisle, après la Marseillaise, le chant de Roland à Roncevaux et celui du Vengeur : « Mourons pour la patrie », écrit le Chant des Vengeances, puis le Chant des Combats, exécutés (an VI et an VIII) non dans des fêtes publiques, mais à l'Opéra, lequel tendait de plus en plus à devenir le théâtre des manifestations du patriotisme officiel.

C'est encore l'Opéra qui reçut le principal écho musical du criminel événement qui ralluma le guerre en Europe à la fin du siècle : l’assassinat des représentants de la République par les Autrichiens au printemps de 1799. On y donna, le 14 juin (26 prairial an VII), la Nouvelle au Camp, ou le Cri de Vengeance, scène lyrique sur laquelle nous ne possédons que de vagues notions et dont la musique est attribuée à Gossec. En tout cas, il est certain que le vieux maitre reprit à cette occasion la plume qui, en 1792, avait écrit l'Offrande à la Liberté : il composa une Cantale funèbre pour la fêle du 20 prairial an VII, en mémoire des plénipotentiaires de la République française au Congrès de Rastadt. Ce fut, sinon son chant du cygne (puisque ce mot implique l’idée d’une sublime et

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