Les fêtes et les chants de la révolution française

: 5h 24 & 2: é

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9212 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

Cette fois, le peuple, sentant profondément son irréparable perte, retrouva son attitude grave et désolée des jours les plus sombres. En cette époque désabusée, sceptique et frivole du Directoire, l’on sentit de nouveau dans Paris le souffle qui jadis, aux obsèques de Mirabeau, avait puissamment pénétré parmi la foule.

La cérémonie eut lieu au Champ de Mars. Nous ne la décrirons pas, les grandes lignes étant toujours les mêmes. Elle se distingua pourtant par le soin avec lequel fut réglée la partie artistique et musicale. L'hymne funèbre pour la mort du général Hoche, poésie de Chénier, musique de Cherubini, est une œuvre lyrique d'une grande importance et d'une envergure peu commune. Une marche funèbre, exécutée pendant le défilé devant l'urne funéraire, en forme l'introduction, elle est conçue d’après les traditions inaugurées par Gossec, modelée presque exactement sur la célèbre Marche lugubre des obsèques de Mirabeau, dont on retrouve les roulements sinistres des tambours voilés, le sombre glas du tam-tam, les éclats des trompettes et des trombones, jusqu'aux rythmes et aux accents. Mais les formes musicales sont affinées et d’un art singulièrement perfectionné; si l’œuvre de Cherubini est encore loin d'atteindre aux sublimités de la Marche funèbre pour Jéter la mémoire d'un grand homme, dans l'immortelle Héroïque de Beethoven, déjà elle marque un acheminement certain vers le plus haut style du maitre de la symphonie.

Après la marche instrumentale et le défilé funèbre, quarante jeunes filles, élèves du Conservatoire, vêtues de blanc, avec des écharpes de crêpe, et les cheveux ornés de bandelettes à la manière antique, s’avancèrent processionnellement et chantèrent une première strophe:

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