Les fêtes et les chants de la révolution française

DU 9 THERMIDOR AU 18 BRUMAIRE. 245

Sur les lents accords de l'orchestre soutenant le chant, le prolongeant parfois quand il semblait s'éteindre en un murmure désolé, les voix s’élevèrent, tristes et mélodieuses, modulant cette funèbre strophe :

Du haut de la voûle éternelle, Jeune héros recois n0S pleurs, Que notre douleur solennelle T'offre des hymnes et des fleurs. Ah! sur ton urne sépulcrale, Gravons ta gloire el nos regrets, Et que la palme triomphale œincline au sein de tes cyprès!

Les exécutants se turent après cetle harmonieuse entrée, et Daunou, au nom de l'Institut, prononça un discours, qui fut ainsi encadré de musique, Car le chœur recommença dès qu'il eut parlé. Des vieillards, des guerriers se présentèrent à leur tour, répétant le beau chant de la première strophe, soutenus par les accompagnements variés et de plus en plus riches de l'orchestre; enfin une dernière strophe unit toutes les voix d'hommes en un énergique el véhément final. La cérémonie fut complétée par Île chant du dernier couplet de la Marseillaise : « Amour sacré de la patrie », exécuté par toutes les voix réunies, dans un sentiment de respect religieux. Le long du cortège funèbre avait relenti à plusieurs reprises la lugubre Marche des Morts de Gossec. Enfin, conformément à la tradition révolutionnaire, le peuple ne quitta pas le Champ de Mars avant que les chants funèbres eussent fait place aux accents de l’apothéose : le Ghant du Départ conclut la cérémonie.

La mort de Hoche eut un écho musical en Italie, où Bonaparte, qui ne négligeait rien de ce qui pouvait