Les fêtes et les chants de la révolution française

214 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

grandir et entretenir sa popularité naissante, ne manquait pas l’occasion de faire célébrer dans son armée les grandes dates révolutionnaires. Ce fut ainsi qu’en 1796 et 1797, le 22 septembre et le 14 juillet furent, par ses ordres, fêtés peut-être avec plus d'éclat qu'à Paris : lui-même adressait d'éloquentes proclamations aux troupes, promettait de sauver la République, passait des revues au milieu des populations éblouies, faisait planter des arbres de liberté, organisait des courses, des cortèges allégoriques, où le futur empereur ne Craignait pas d’exhiber sur un char une déesse de la Liberté revêtue d’habits antiques aux trois couleurs, comme naguère avaient fait Hébert et Chaumette, à Notre-Dame, pour la fête de la Raison. Le Moniteur enregistrait, comme des bulletins de victoire, les comptes rendus de ces fêtes, qui formaient comme une vivante propagande des idées et des mœurs de la Révolution française à l'étranger.

Il était habile au vainqueur d’Arcole et de Rivoli de s'associer publiquement au deuil de la France, et de déplorer la perte de son glorieux émule. Chose imprévue, cette manifestation, toute politique, eut principalement un résultat musical.

Tandis qu’à Paris les maîtres français (je compte Cherubini parmi eux) étaient conviés à chanter la mémoire du héros pacificateur, Bonaparte, que son goût portait résolument vers la musique italienne, s'adressa à Paisiello, maître de chapelle du roi de Sicile, et lui commanda un morceau funèbre. Revenu en France presque aussitôt après, il rapporta au Conservatoire une copie de ce morceau. En voici l'intitulé exact :

Sur la couverture, ces simples mots, précédés du non de l’auteur : Overlura o sinfonia.