Les fêtes et les chants de la révolution française

DU 9 THERMIDOR AU {8 BRUMAIRE. 247

de Paisiello a la prétention de dépeindre des émotions tellement nombreuses qu’on en frémit d'avance! Le titre a donné un avant-goût assez heureux : mais ce n’est rien auprès de la composition même. Dès les premières pages, qui débutent par une introduction de huitmesures coupée par quatre points d'orgue exprimant la s{upore, après l'exposition d'un motif insignifiant, des commentaires écrits nous expliquent pas à pas les intentions du musicien. Il commence par exprimer la frénésie, rien de moins : Smanie per la perdila del fà generale Hoche! Puis, c’est le tableau d’un popolo afflitlo e addolorato. Ensuite, coup sur Coup :: Agilazione, — Smanie, — pianlo, — confusione, meslizia, agilazione smaniose, pianlo e affani, — exclamaziont di dolore, — avvilimento.…

Que de choses dans une marche funèbre!

Inutile d'ajouter que, de tous ces beaux sentiments, il n'y a pas trace dans la musique, malgré les soins du compositeur pour varier les tons et introduire des dessins à intentions expressives. Son effort n’aboutit qu'à produire des mouvements indifférents, tracer des broderies superficielles. I lui suffit d'écrire dans le mode mineur pour croire qu'il peint l’affliction ; s’il veut dépeindre le désespoir ou l’égarement, quelques doubles croches, avec des syncopes à l'instant favorable, lui sembleront réaliser parfaitement l'idéal. Tout cela n’est que formule banale et vide : la faconde italienne a passé tout entière dans les paroles, il n’en reste rien pour la musique. La forme, il faut le reconnaître, est pure, l'écriture plus élégante et plus variée que celle des maîtres français : de là quelque chose d’assez agréable à écouter distraitement, et qui berce mollement. Mais que sont ces élégances funéraires à côté des cris de désespoir dont Gluck avait laissé de sublimes modèles à ses successeurs de l'époque révolutionnaire. et dont Beethoven retrouvera