Les fêtes et les chants de la révolution française

218 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE,

bientôt l'accent avec plus de puissance encore et de profondeur? Méhul, Gossec, Cherubini avaient fait retentir des accords autrement poignants pour exprimer les deuils de la patrie. Il est regrettable que Bonaparte, plus remarquable décidément comme homme de guerre que comme musicien, n'ait pas su le comprendre.

V

Les fêtes purement politiques, en cette dernière partie de l'ère révolutionnaire, furent moins nombreuses et moins solennelles que les fêtes patriotiques. Elles eurent généralement un caractère plutôt commémoratif que véritablement férial. Des mœurs nouvelles s'implantèrent : au lieu de donner les fêtes nationales en plein air, en présence de tout le peuple, on les célébra dans l’intérieur des assemblées législatives. L'’enceinte de l’Assemblée, nous le savons déjà, c'était le Temple national; les représentants du peuple étaient les prêtres de la religion civique. Quant aux cérémonies, elles se composaient, comme dans toutes les religions, de chants et de discours. Et c'était une façon plus digne de célébrer de grandes idées et de grands souvenirs que celle qui ne consiste qu'en des réjouissances plus ou moins vulgaires, sans lesquelles, de nos jours, on ne conçoit pas les fêtes nationales.

Nous avons suivi la fête du 14 juillet année par année depuis 1790 : poursuivons. En 1795 la grande date révolutionnaire fut de nouveau commémorée en séance de la Convention : c'est en ce jour que la Marseillaise fut décrétée chant national, et nous avons dit ailleurs quelle vive impression avait produite l'audition de cet hymne; dont l'Assemblée entendit la dernière strophe debout et découverte. L'Institut national, qui avait ouvert la séance