Les fêtes et les chants de la révolution française

Fe

milieu d'une crise des plus graves. La date de la fête eût dû être le 31 octobre, anniversaire de la mort des Girondins; mais la Convention, étant au bout de sa législature, choisit de préférence le 11 vendémiaire (3 octobre). Déjà la journée du 13 vendémiaire se préparait - ce fut au milieu de Paris grondant, en sa salle des Tuileries dont les abords, défendus sous le commandement décisif de Bonaparte, était transformés en un camp relranché, que la Convention fit amende honorable à la mémoire des collègues qu'elle s'était laissé ravir. La salle des séances était tendue de voiles de deuil : deux fois les députés interrompirent leurs délibérations pour entendre, avec calme et recueillement, des morceaux funèbres et des hymnes à la Liberté. Méhul avait écrit pour cette circonstance l’Hymne des Vingt-Deux, sur des vers de Chénier, et Gossec un Hymne

DU 9 THERMIDOR AU 18 BRUMAIRE. 227

élégiaque pour l’'Anniversaire du 31 Octobre : Aux Mänes de la Gironde.

Quelques mois auparavant, à la journée du 1% prairial, l'enceinte de la Convention avait été ensanglantée : au milieu d’une scène dont la violence dépassa tout ce qu'on avait vu en quatre-vinget-treize, le député Féraud avait été frappé, sa tète plantée au bout d’une pique, et l’horrible trophée présenté au président Boissy d’Anglas. La Convention consacra la journée du 14 du même mois à commémorer la malheureuse victime dans sa propre assemblée. Une fois de plus il fallut que Gossec et Méhul, chacun de son côté, écrivissent les hymnes nouveaux (cette fois, il est vrai, ils n’eurent pas à les enseigner au peuple), et l’une de ces improvisations, celle de Méhul, est vraiment une page de la plus grande beauté, grave, expressive, un modèle admirable de musique funèbre. — Parmi les chants inspirés par le même événement (on devine s’il servit de matière à des