Les fêtes et les chants de la révolution française

PRÉFACE, XXXI

qui ne sont aucunement des motifs de joie; leur but essentiel est d'élever les cœurs : nulle part mieux qu'ici elles ne sauront conserver la gravité qui convient.

Notons bien que l’école n’est pas destinée aux seuls enfants : aux jours de fêtes, la population tout entière devrait être conviée à y venir entendre la bonne parole. Les moyens les plus simples pour atteindre le but sont naturellement les meilleurs : encore faut-il qu'ils soient l'objet de la préparation nécessaire. Des lectures appropriées, des chants en harmonie avec l'esprit de la fête, exécutés par les écoliers eux-mêmes (ils doivent savoir je faire, les règlements prescrivent que l'enseignement musical leur soit donné), que faut-il de plus pour remplir un programme d’une parfaite convenance? Les chants eux-mêmes pourraient être empruntés à ce fonds si riche de la chanson populaire où est contenu le plus pur de l'inspiration lyrique nationale; on y joindrait quelques pages de maïtres accessibles à des exécutants n'ayant pas d'autre prétention que de les interpréter avec les moyens donnés par la nature à chacun; des paroles nouvelles adaptées aux mélodies d'autrefois en renouvelleraient . l'esprit : ainsi se trouverait exprimée la pensée nationale par les moyens les plus propres à gagner tous les cœurs; ainsi la fête du peuple serait célébrée par tout le peuple en une touchante et harmonieuse unanimité.

A l'appui de ces observations, et pour montrer qu'elles ne sont pas des chimères, je voudrais citer deux exemples desquels j'ai été témoin, parfois un peu acteur, et qui sembleront sans doute assez significatifs pour mériter d'être rapportés ici.

En 1901, un de nos départements, l'Ain, se trouva être à distance de trois siècles de l’année qui consacra la réunion à la France des petites provinces dont il est composé (Bresse, Bugey, Pays de Gex, Dombes, cédées à Henri IV par la Savoie en 1601). Il convenait de fêter ce centenaire ; quelques esprits dévoués s’y employèrent de leur mieux; les circonstances s'étant trouvées assez favorables, il fut résolu que le jour du 14 juillet y serait consacré.