Les fêtes et les chants de la révolution française

XXXII PRÉFACE.

La fête eut un caractère essentiellement communal et scolaire. L'autorité académique du département, à qui appartenait l'honneur de la principale initiative, avait eu soin de tracer les grandes lignes du programme; aux instituteurs incombait la tâche d'en assurer l'exécution. Ce programme comportait une lecture historique, dont la matière avait été préparée par une personne compétente, des vers d’un poète qui a chanté la terre natale avec une bonne grâce admirée des plus délicats : À la Bresse et le Poème du Paysan, de Gabriel Vicaire — énfin des chants, dont l’un, le Chant du Centenaire, avait été écrit pour la circonstance (aussi par un enfant du pays); les autres (la Marseillaise en tête, cela va sans dire) étaient des mélodies populaires, l’une bretonne, une autre provençale, avec les paroles que leur a adaptées M. Maurice Bouchor, enfin le éhant de l’Ode à la Joie, l’immortelle Neuvième Symphonie de Beethoven. ;

Ce programme fut fidèlement réalisé sur la plupart des points du département, chaque localité usant de ses ressources propres, parfois bien minces, mais suffisantes, car le cœur y était. Dans la ville de Bourg, les sociétés musicales, la musique militaire, les chœurs des élèves des diverses écoles — plus de 300 exécutants dirigés par celui qui avait été le principal initiateur de cette manifestation __ avaient été réunis, au milieu du peuple, « sous le dôme de feuillage de la promenade des Quinconces, où la statue d'Edgar Quinet, souriant et pensif, semblait inviter du geste de la main tous les citoyens à venir se grouper auprès de la jeunesse de la cité ». Dans les campagnes, l'empressement ne fut pas moindre. La Revue pédagogique a publié fort à propos des extraits des rapports qui, après la fête, furent adressés par les instituteurs à leur chef : le document a son prix pour fixer la physionomie générale de toute une population en un jour où les cœurs sont unis par une même pensée. Beaucoup déclarent que les locaux municipaux et scolaires furent trop étroits pour contenir les assistants, dont le nombre, spécifient quelques-uns, s'élevait aux deux tiers des habitants. Ailleurs la fête était donnée en plein air, « sous les arbres de l’école, au bord