Les fêtes et les chants de la révolution française

284 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

nale est fini, maintenant que le culte auquel elle participait depuis dix ans est aboli, et que, reprenant la place de la religion de la patrie, la religion romaine a reconquis ses anciens droits. La fête à laquelle nous aboutirions s’il fallait poursuivre cette histoire serait celle du jour de Pâques 1802, où le Te Deum fut chanté en l'honneur du Concordat. L'œuvre dont il fut fait choix pour cette solennité ne fut pas, certes, le Te Deum de Gossec : qu'il eût été déplacé à pareil jour! C’est le nouveau favori, Paisiello, qui fut choisi pour l'écrire. Pourtant on fit la grâce à Méhul de lui concéder le verset Domine saluum, et, par cette brève composition, il montra ce que peut un génie viril, capable de former, en conservant une savante simplicité, un monument d'architecture grandiose. Mais ce jour-là, les chanteurs qui, par trois fois, répétèrent le verset liturgique, après avoir entonné : Domine salvam fac rempublicam, terminèrent ainsi : Salvos fac consules. — Douze ans auparavant, à la Fédération, on avait aussi chanté la messe; mais la prière finale était tout autre : elle appelait la bénédiction de Dieu sur la Nation, la Loi, le Roi. Douze ans! Que les temps sont changés!

Aussi, voyant leur œuvre de dix années perdue pour l'avenir, les musiciens qui avaient consacré le meilleur de leur génie à la formation de la liturgie républicaine pensèrent à l'utiliser pour d’autres fins. Puisqu'il était définitivement entendu que la musique française ne pouvait avoir d'autre raison que d'être chantée à l'OpéraComique, ceux qui avaient fondé le Conservatoire à la faveur des fêtes nationales se résignèrent à limiter leur effort au seul domaine qui leur était laissé. Certains Youlurent sauver quelques épaves, en cherchant à donner cette autre destination à leurs compositions Hationalës. Noüs ävons vu Berton ne pas même attendre

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