Les fêtes et les chants de la révolution française

LE CONSULAT, FIN DES FÊTES NATIONALES. 255

que l'ère füt révolue pour faire de son Hymne à l'Agriculjure un chœur de paysans dans Montano el Stéphanie. Gossec, lui, ne songea pas à renier l'Hymne à l'Être supréme pour en faire un cantique; mais son ancien O Salularis d'avant quatre-vingt-neuf, devenu d'abord un « ci-devant O Salularis », puis, avec des paroles françaises, un Hymne à la Liberté, n'eut plus qu'à reprendre son premier état. Car les églises, rouvertes au culte, étaient encore un asile pour la musique. Lesueur, esprit sincèrement religieux, devenu directeur de la Chapelle impériale, ne craignit donc pas de reprendre ses grandes compositions des dernières fêtes de la République, sa « musique à fresque » faite pour les temples, et d’y accorder des paroles avec lesquelles elles devenaient d'excellente musique catholique. Ayant pris ce parti, ce fut lui qui perdit le moins ses peines! Son Chant du 21 Janvier devint un Te Deum. Son Chant dithyrambique qui, en 1798, avait glorifié la paix assurée par les armes de Bonaparte, fut mué en une Canlale religieuse et prophétique pour le mariage de Napoléon, et servit pour un autre mariage encore, celui du duc de Berri. Des parties de son grand Chant du 1* Vendémiaire à quatre chœurs passèrent dans un Te Deum, même dans deux Te Deum, d’autres dans un Super flumina Babylonis, d’autres encore dans l'Oratorio du Couronnement. Parfois aussi il appropria ses anciennes inspirations à des sujets plus profanes, par exemple quand il introduisait le thème de son premier Chant des Triomphes dans la Marche du Sacre de Napoléon, et qu'il reprit une phrase d’une Scène patriotique pour l'appliquer à une Ode d'Anacréon.

Mais, sous sa forme originale, la musique des fêtes nationales, partageant le sort des autres manifestations de la vie révolutionnaire, fut victime d’un égal discrédil