Les fêtes et les chants de la révolution française

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PRÉFACE. XXXV

importe de ne pas renoncer, dût-on les appliquer à des idées nouvelles. Il faut qu'il y ait des jours où les jeunes filles revêtent des robes blanches, où les jeunes hommes soient conviés pour d’autres objets que des exercices physiques. Il faut que les grands sentiments, à la fois permanents etactuels, puissent recevoir sous une forme concrète la consécration de l'hommage qui leur est dû : pensée, science, poésie, — maternité, famille, humanité, — désintéressement, pitié, justice, — et cet idéal auquel on finira peut-être par atteindre un jour, que Michelet formula jadis par cette prédiction : « Au vingtième siècle, la France déclarera la paix au monde ». Il faut que les pensées graves qu'inspire la Mort soient exprimées autrement que par des discours. Quand la mère d'Edgar Quinet mourut, c'est lui, son fils, qui, au refus des prêtres, présida aux funérailles et lut les prières : exemple frappant de la nécessité d'entendre à une telle heure la parole qui signifie le Repos. Il faut enfin, et cela est élémentaire, que les grands souvenirs nationaux soient célébrés d’une manière vraiment digne d’eux.

Quelle sera cette manière? Il est prématuré de le dire aujourd’hui. D'ailleurs, la réalisation artistique ne peut venir qu'après que la doctrine qui doit se dégager de tant d'idées confuses sera formulée. La musique aura nécessairement sa place dans cette évolution salutaire : il en sortira, on n’en saurait douter, le véritable art nouveau, qui ne sera pas, celui-là, du clinquant, mais l'expression de pensées sérieuses, et qui, véritable art populaire, vivant, robuste et de haute visée, sera la digne et harmonieuse représentation d'un idéal enfin renouvelé.

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Ce que nous cherchons depuis longtemps en lâtonnant, il ne fallut pas tant d'efforts aux hommes de la Révolution pour l’accomplir à leur manière : leur conception des fêtes civiles fut spontanée, et leur réalisation immédiate.