Les fêtes et les chants de la révolution française
2 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.
fois depuis deux siècles. « Ce fut pour moi un des beaux jours de ma vie; écrivait le lendemain Camille Desmoulins à son père. Il aurait fallu être un mauvais citoyen pour ne pas prendre part à la fète de ce jour sacré. » L'on se montrait les célébrités : le comte de Mirabeau, avec le costume du tiers état et l'épée; le duc d'Orléans, à son rang de bailliage; le cardinal de La Rochefoucauld, prétendant à la présidence par droit de la pourpre. Desmoulins enviait le sort de son ami et camarade de collège, l’avocat d'Arras, élu député, Maximilien de Robespierre. On voyait dans le cortège des paysans bas-bretons, représentants du diocèse de Vannes, avec leurs vestes et leurs culottes de bure. Le roi marchait derrière le Saint-Sacrement, entouré des princes du sang, le grand aumônier de France portant son cierge; la reine était à sa gauche, suivie d’une dame d'honneur qui tenait le bas de sa robe, et accompagnée d’un chevalier d’honnèur et de son premier écuyer. Le temps était beau, les premières clartés du printemps faisaient resplendir les costumes d’apparat des deux cent quarante députés de la noblesse : pourtant, le peuple restait silencieux au passage des étoffes d’or, réservant ses acclamations et ses Vivat pour le roi et pour le groupe rude et compact du tiers.
La fête était réglée suivant un cérémonial essentiellement d'ancien régime. De même que la présentation, elle avait été réglée la veille par le roi d'armes de France accompagné de ses quatre hérauts. Les députés étant réunis à la paroisse de Notre-Dame, le roi s'y rendit dans sa voiture de cérémonie, précédé de détachements de ses gardes du corps et du Vol du cabinet sous les ordres du commandant général des fauconneries du cabinet du roi; la reine l’y suivit bientôt, également dans sa voiture de cérémonie. La messe,