Les fêtes et les chants de la révolution française

QUATRE-VINGT-NEUF. G)

précédée du Veni Creator, fut chantée par les musiciens du roi. Ce fut le seul rôle de la musique en cette fête inaugurale. Non pourtant; elle en eut un autre encore : En effet, dans le cortège où tous les membres de la noblesse et du tiers état se montrèrent groupés suivant Jeur ordre d'élection, la « musique du roi » eut pour mission spéciale de séparer les évêques du clergé de second ordre, et marcha conséquemment entre eux, pour bien marquer la différence.

Le lendemain, la séance eut lieu avec le mème apparat : les hérauts d'armes firent l'appel des députés et leur assignèrent leurs places conformément au règlement de 161%. Et, le 6 maï, le Mercure de France annonçait, de Versailles, que « la musique du roi avait exécuté pendant le lever de Sa Majesté une symphonie d'Haydn, sous la conduite du sieur Giroust, surintendant de la musique du roi ».

Il n'y avait rien de changé en France.

IT

Pourtant, malgré cette survivance d’antiques traditions, le passé était mort, et bien mort. Bientôt retentiront d’autres voix que celles du roi d'armes de France ‘et de ses hérauts d'armes. Le 15 juillet, ces mêmes députés que le peuple avait salués à Versailles de ses cris de bienvenue feront dans Paris une entrée triomphale, sous l’escorte des vainqueurs de la Bastille. « L'air est incessamment frappé des applaudissements, des cris de joie, auxquels se joint le bruit des tambours et des instruments de musique... Jamais fête publique ne fut aussi belle, aussi touchante. » Ainsi Mounier décrivait à l’Assemblée cette journée d’enthousiasme populaire au lendemain de la première victoire. D’une