Les fêtes et les chants de la révolution française

LA FÊTE DE LA FÉDÉRATION. 27

Déjà la veille une cérémonie imposante, non dénuée de grandeur sous ses apprêts naïvement pompeux, avait eu lieu à Notre-Dame. Les électeurs de Paris ayant décidé que, chaque année, au 14 juillet, un Te Deum solennel serait chanté dans la cathédrale, les artistes des théâtres de musique ne voulurent pas que leur zèle parût inférieur à celui de toute la population et proposérent leur concours pour l'exécution de ce chant d’actions de grâce.

L'initiative vient de l'Opéra : ses membres nommèrent des commissaires, « MM. Chardini, Cavalhies, Sallentin, Rochefort et Guenin, à l’effet d'engager tous les artistes leurs collègues à se réunir à eux pour coopérer annuellement à la plus parfaite exécution de cette cérémonie; ces commissaires furent députés auprès de MM. les électeurs de 1789, tant pour donner communication de la délibération que pour s'entendre sur tout ce qui sera relatif à la cérémonie ». C'est le Journal de Paris, l'organe favori des artistes des théâtres, encore qu'’entaché d’aristocratie, qui insérait ce communiqué; il ajoutait : « Demain mardi 13, ce Te Deum sera exécuté dans l’église métropolitaine de Paris, suivant le vœu de MM. les électeurs de 1789 ».

Tous les artistes de Paris se rendirent effectivement à Notre-Dame le 13 juillet : les musiciens de l'Opéra, du théâtre de Monsieur, des Italiens, des Français, de la troupe Montansier et des autres spectacles, tous. jusqu'à ceux d’Audinot et de Nicolet, répondirent à l'appel. Il en vint, dit-on, plus de six cents. L’exécution était dirigée par Rey, chef d'orchestre de l'Opéra; Mile Rousselois, Chéron et Lays chantèrent les soli.

La cérémonie ne fut pas bornée à un simple Te Deum; on y donna encore la première audition d'une œuvre lyrique qu'on pourra être surpris de voir jouer en