Les fêtes et les chants de la révolution française

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LA FÊTE DE LA FÉDÉRATION. 31

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Ce qui frappe tout d’abord, lorsqu'on considère au seul point de vue extérieur le spectacle de la fête de la Fédération, c’est l'ampleur de la conception générale jointe à l'heureuse simplicité de la réalisation.

Le Champ de Mars, transformé en une arène immense, présentait un aspect aussi grandiose qu'harmonieusement proportionné. Un talus, sur lequel s’étageaient les gradins destinés au peuple, formait tout autour une vaste eilipse; des arbres le couronnaient de leur verdure ondoyante. Au fond, devant l'École militaire, s'élevait une tribune drapée d’étoffes de couleurs claires, bleues et blanches, réservée aux membres de l’Assemblée et aux personnages de marque : au centre était le trône royal. Du côté opposé, sur le bord de la Seine, on avait dressé un arc de triomphe percé de trois ouvertures cintrées, dont l’ornementation dans le goût antique évoquait l'idée des monuments romains. Sur le fleuve un pont de bateaux avait été jeté, exactement à l'endroit où fut construit plus tard le pont d’'Iéna; sur l’autre rive s’inclinait le riant coteau de Chaillot et de Passy, avec ses jolies maisons de campagne émergeant çà et là parmi la verdure.

Du quai à l'autre extrémité du Champ de Mars, l'espace est vaste. Cét espace, réservé presque entièrement, était resté nu, car il devait avoir pour ornement, à l'heure décisive, la masse vivante des délégués et de l'armée. Mais au centre, où tous les regards devaient naturellement converger, s'élevait, fièrement isolée, une troisième construction plus grande encore que les autres, plus haute que l'arc de triomphe, plus haute que le trône du roi. C'était l'autel de la Patrie. Un immense support carré en formait la base. Sur chacune