Les fêtes et les chants de la révolution française

LA FÊTE DE LA FÉDÉRATION. 33

religieux et militaire, — des soldats montant la garde sur les marches de l'autel, des chants religieux alternant avec les tambours, — forme une antithèse qui caractérise merveilleusement les tendances simultanées d’esprits exaltés par l’idée de patrie, dominés en même temps par un irrésistible besoin de foi. Joignons-y le goût de l'antiquité, qui se marque dans les ornements et les inscriptions, et nous avons, en ce premier jour de fête nationale, le résumé du triple idéal que l’art, sous toutes ses formes, poursuivra dans les dix années qui vont suivre.

Pour narguer la pluie, pendant les longues heures de l'attente, on répond par des chansons, mieux encore, par des danses. Les envoyés des provinces, Auvergnats, Provençaux, exécutent les pas de leurs pays; les bourrées s'entre-croisent, les farandoles se déroulent, rythmées par les voix; les soldats font des évolutions militaires, improvisent de fantaisistes pyrrhiques; l’on se prend par la main, on forme des rondes immenses, devant l'autel, même autour de l'autel! « Voyez un peu ces Français qui dansent pendant qu'il pleut à verse », disaient les étrangers ébahis!

Enfin, l'heure solennelle a sonné; l'attente a été longue : tout redevient silencieux. Le soleil a brillé; il resplendit maintenant sur l'immense assemblée, sur le trône, sur l'autel de la Patrie. De Talleyrand, évèque d’Autun et député de l'Assemblée nationale, commence la célébration du saint sacrifice. Pendant qu'il officie, le corps de musique se fait entendre.

Nous avons peu de renseignements sur cette partie de la cérémonie. Pourtant, quelques jours auparavant, la Chronique de Paris, dont l'initiative, s'exerçant avec autant de discernement qué d'activité sur les objets les

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