Les hommes de la Révolution
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et que le sommeil volontaire des lois justifie toujours. » (16 août, Ami du Peuple, n° 670.)
On n'écouta pas Marat. Bien mieux. La Commune réclama, par trois députations, la constitution d’un tribunal. L'Assemblée s'y refusa. C’était souscrire d'avance aux événements (1).
Les choses en vinrent à un tel point qu'il ne fut plus possible d'éviter les représailles populaires. Les colères, longtemps contenues, allaient éclater. Avant de partir contre l’ennemi, les patriotes ne voulaient pas, selon leur expression, laisser leurs femmes et leurs enfants entre les mains des traîtres et des conspirateurs.
Que fait alors Marat? Pendant que tous se taisent, pendant que Danton lui-même est débordé et laisse faire, il accepte courageusement les responsabilités et essaie de circonscrire le massacre devenu inévitable. Il se fait nommer membre adjoint au Comité de surveillance et l'un des premiers propose la création de ces fameux tribunaux de septembre qui purent, au milieu des fureurs, soustraire bien des victimes à la mort. <
On n’a pas manqué, naturellement, de prétendre que Marat fut l’un des instigateurs de ces funestes journées. On a ajouté que l’Ami du Peuple en profita pour assouvir ses rancunes personnelles. Rien de plus faux. Devant le péril, Marat avait envisagé le massacre comme la seule mesure de salut public, mais pas plus que les autres, il ne
(1) Le Moniteur disait : « Si dans très peu de temps, les jurés ne sont pas en état d'agir, de grands malheurs se promèneront dans Paris.» (19 août 1892)
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