Les hommes de la Révolution
pos
tenu caché (1) et les Girondins le croyaient vaincu. Leur espoir fut de courte durée. Au Tribunal, Marat, d’accusé, se fit accusateur.
« Qu'est-ce donc, dit-il, que quelques boutiques pillées, quelques misérables accrochés à la lanterne, quelques magistrats éclaboussés dans la rue, comparé aux grands bienfaits que notre Révolution doit amener dans le monde? Ces petits désagréments s’effaceront un jour devant les principes éclatants et lumineux que cette Révolution a proclamés à la face de l'univers: la fraternité humaiïne, l'unité et la liberté. »
Et il expliqua son attitude qui avait toujours été la. même; il rappela ses souffrances; il dénonçÇa les agissements de la Gironde: Avant qu'il eût fini, sa caus eétait gagnée. Le Tribunal décida que: «sur tous les points, l'accusé n'était point coupable » et ordonna sa mise en liberté.
Alors la foule se précipite vers lui. Il résiste en vain. Des femmes déposent des couronnes sur sa tête, des officiers municipaux, des gardes, des canonniers, des gendarmes forment une haie. Les bras le soulèvent et l'emportent du Palais à la Convention au milieu des cris d'enthousiasme.
La Convention tenait séance. Le sapeur Rocher. qui marchait en tête, s’avança et cria d’une voix de tonnerre:
() «Si j'ai refusé, expliquatil, d'entrer dans les prisons de l'Abbaye, c'est par sagesse; depuis deux mois, attaqué d'une maladie inflammatoire qui exige des soins, je ne veux pas m'exposer, dans ce séjour ténébreux, au milieu de la crasse et de la vermine, à des mouvements d'indignation qui pourraient entraîner des malheurs. »