Les hommes de la Révolution
DE Rte
« Citoyen président, nous vous amenons ici le brave Marat. Marat a toujours été l'ami du peuple et le peuple sera toujours l'ami de Marat. On a voulu faire tomber ma tête à Lyon pour avoir pris sa défense; eh bien! s’il faut qu’une tête tombe, celle du sapeur Rocher tombera avant celle de Marat, nom de Dieul »
Et le cortège envahit les gradins. La foule marque bruyamment sa joie. Enfin Marat paraît. On le pousse à la tribune.
« Législateurs du peuple, s'écrie-til, je vous présente en ce moment un citoyen qui vient d’être complètement justifié. Il vous offre un cœur pur. Malgré les trames odieuses de ses ennemis, il continuera à défendre la Patrie (1). »
Quelques députés s’enfuirent, d’autres gardaient un silence de mort. La Gironde était atterrée.
Marat devait prendre bientôt sa revanche complète. On connaît les événements du 31 mai et du 2 juin, l'invasion de la Convention par le peuple, les canonniers d'Henriot, la chute de la Gironde. C'est sous la poussée de Marat que purent s’accomplir ces événements. Pendant ces quelques jours, l'Ami du Peuple se multiplie. Il est partout, à l'Hôtel de Ville, dans les sections, à l’Evêché; il fait sonner le tacsin, ranime les colères, fait tirer le canon d’alarme, souffle la révolte, harangue les troupes et tout à l'heure, lorsque l’As-
(1) Le lendemain aux Jacobins, ce fut un second triomphe. Marat refusa les honneurs: « Citoyens, s’écria. til, je dépose sur le bureau deux couronnes que l’on vient de m'offrir. J'engage mes concitoyens à attendre la fin de ma carrière pour me juger.»