Les hommes de la Révolution

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paradoxes. Mais, d'un bout à l’autre, c'est toujours le même Marat qui accuse, qui crie sa méfiance, son dégoût de l'autorité, sa soif d'indépendance. Savant, littérateur, philosophe, Marat demeure révolutionnaire. Il poussera même la haine des préjugés et des lois jusqu’à crier son mépris des jugements futurs comme s'il prévoyait l'injustice de la postérité (1).

Il nous faut conclure. Peut-être avons-nous réussi, dans ces pages brèves, à retracer la physionomie exacte de l'Ami du Peuple. Il nous aurait fallu tout un énorme volume pour le disculper devant l’histoire qui l'a chargé de toutes les responsabilités et accusé de tous les méfaits. Que le lecteur, soucieux de s'informer impartialement, puise aux sources que nous lui signalons. Il apprendra à connaître le véritable Marat.

L'Ami du Peuple, malgré ses exagérations, dues à la maladie qui le rongeait, malgré ses méfiances et ses soupçons parfois injustifiés, malgré ses appels au meurtre provoqués par une pitié excessive, demeure l’une des figures les plus bellés et les plus pures de la Révolution. C'est pourquoi les défenseurs de l’ancien régime, les ennemis de la démocratie, les tenants du passé l'ont accablé de leurs outrages et de leurs ca-

(1) Il écrit à propos du Panthéon: « Montesquieu et Rousseau rougiraient de se voir en si mauvaise compagnie et l’Ani du Peuple en serait inconsolable. Si jamais la liberté s’établissait en France et si jamais quelque législation, se souvenant de ce que j'ai fait pour la Patrie, était tentée de me donner une place dans Sainte-Geneviève, je proteste ici hautement contre ce sanglant atfront ».