Les hommes de la Révolution
En résumé, tout Marat tient dans ces quelques principes essentiels: haine aux riches; haine au pouvoir, liberté intégrale de l'individu; amour excessif de l'humanité.
Marat est, avant tout, élève de Jean-Jacques, donc spiritualiste. S'il affirme, dans son livre sur l'Homme, que l'âme siège dans les méninges, il déclare la guerre, d'autre part, aux athées et aux matérialistes. Le théoricien se révèle ainsi contradictoire (1).
Son style, dont il nous faut dire quelques mots, accuse l'influence de Rousseau. Marat vivait à une époque de déclamation et d’emphase littéraire. Malgré tout, il demeure l’un des écrivains. les plus clairs et les plus précis de l’époque révolutionnaire. Jamais Marat ne risquera de grossièretés. Une seule fois, il s'aventura à appeler La Fayette «un Jean-foutre» et il s’en excusera le lendemain auprès de ses lecteurs. Souvent il a le trait, le mot juste, le terme pittoresque. Comme le dit très bien Aulard, il y a dans un outrage de Marat tout un portrait.
Ses ouvrages: l'Æssai sur l'Homme, les Chaînes de l'Esclavage, le Plan de Constitution, le Plan de Législation criminelle, etc, révèlent un Marat sensible, enthousiaste, toujours prêt à batailler contre l’iniquité et les préjugés. Il y a, dans ces livres incomplets, de véritables pages de génie, des vérités audacieuses et aussi de déconcertants
(1) Marat, au fond, malgré son amour de l'Humanité, est profondément individualiste, Il ne perd jamais l’occasion d'affirmer, envers et contre tous, le droit de l'individu à la vie et à la liberté.