Les principes de la Révolution et du socialisme d'après les données de la politique scientifique

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cette aspiration au bonheur pour tenir l’homme dans la misère et l’abrutissement, en faisant miroiter à ses yeux les fantastiques délices des paradis les plus variés. |

L'homme trouvera-t-il le bonheur dans l'état de nature, comme le veut Rousseau, où dans la société? La question est tranchée aujourd’hui. IL est prouvé que l’homme primitif, antérieur au développement de la civilisation (1) était absolument identique au sauvage de nos jours.

Du reste, cette expression nature, qui paraît si simple au premier abord, a reçu les interprétations les plus variées. L'espèce humaine est perfectible; le passé le prouve. Le véritable état naturel de l’homme est donc celui dans lequel il arrive au développement le plus complet possible de ses facultés physiques, intellectuelles et morales.

Peu à peu, et par la force des choses, à mesure qu'il sort de l’animalité ordinaire, à mesure que se développent la sensibilité et l'intelligence, il se constitue en société. L'homme est un animal social, et Aristote a raison sous ce rapport. Mais il a été d’abord un animal presque semblable aux autres, vivant de guerre et de rapine, et Hobbes a eu raison aussi de le décrire, à l’état primitif, comme un être sauvage et féroce. (2) Je ne puis qu'indiquer en passant cette solution d’un problème à propos duquel on. a depensé des flots d'encre.

(1) Voyez Sir d. Lubbock, Origines de la Civilisation, et le trèsimportant ouvrage de Tylor : Primitive Culture (Londres, 1871).

(2) Homo homini lupus, dit-il. Les découvertes récentes ont démontré la réalité absolue de cet aphorisme.