Les principes de la Révolution et du socialisme d'après les données de la politique scientifique

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L'homme étant réuni en société pour la satisfaction complète de ses besoins, nous en déduisons immédiatement la théorie de la morale.

Le bien est ce qui contribue au bonheur du plus grand nombre; le mal, ce qui produit l'effet contraire. La justice, c’est l'utilité générale. Le fondement, c’est d’ailleurs l'amour de soi, fait indéniable et indiscutable, l'intérêt bien entendu. Il est stupide de prétendre que chacun peut l’envisager à sa façon. Non ! cela existe dans l’état de nature ou sauvage. Dans l’état de société, chacun doit calculer l'effet de ses actions sur le bonheur des autres, sous peine d’être exposé à souffrir dans le cas où ïil enfreindrait ce précepte. C’est affaire dé réciprocité; si vous ne vivez pas un peu pour les autres, ïls ne vivront pas pour vous.

Telle est la formule de la morale dite athée, matérialiste, utilitaire, inductive, ete. Quiconque nie Dieu et l’âme ne peut en reconnaitre d'autre, à moins de tomber dans une contradiction ridicule. Tout révolutionnaire athée doit admettre nécessairement la morale révolutionnaire et athée. Sa formule est d’ailleurs assez belle; c’est celle de l'intérêt général, du bien-être pour tous.

La morale n'existe que pour l’homme en société; il est donc juste de dire qu’elle n'est qu'un cas particulier, une branche de la politique.

La Politique scientifique est la science qui traite de la société considérée dans son ensemble, dans ses besoins et dans ses lois. Elle a pour but, selon l’admirable formule d’Aristote, (1) de réa-

(1) Politique, Liv. III, Chap. 7.

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