Les Révolution

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imposé ce fardeau, et ils ne demandent qu'à s’y dérober. C’est ainsi que Tibère reprochait aux sénateurs qui l’enchainaient à l'empire, de le condamner à vivre avec une bête féroce. Le successeur d’Auguste se faisait mélancolique. D'autres tournent à la plaisanterie, qu'ils manient avec plus ou moins de succès. C'est la force qui ricane. Un de ces dictateurs facétieux disait un jour au peuple qu’il avait asservi : « On prétend que vous ne jouissez pas de la liberté, ce sont vos ennemis et les miens qui tiennent ce langage; je déclare et je jure que vous êtes le peuple le plus libre du monde. » Despote et bouffon! c’est trop des deux rôles à la fois, et le peuple qui les supporte sans bondir de colère, mérite de subir loutes les insolences du despotisme.

Je ne sais ce qu’il faut admirer le plus dans cette espèce de Pisistrate : sa présomption ou son impudence. Il est parvenu, à force de ruses, de corruptions et de violences, à s'emparer du pouvoir. Tout à coup, il élève la voix, et voici ce qu’il dit : «Vous êtes trente millions d'individus, peut-être même quarante ; je vous déclare que je suis plus intelligent et plus