Les Révolution

DE L'ESPRIT RÉVOLUTIONNAIRE, 155

moins d’éloquence contre l'esprit révolutionnaire. Vous en signalez les abus, les excès et les périls, vous les dénoncez à tous les bons citoyens, comme une peste publique. Il n’y a rien là que de raisonnable, et je ne veux pas vous en blâmer. Mais est-ce bien l'esprit révolutionnaire qui vous alarme et qui émeut votre patriotisme? Arrivé au pouvoir par la plus détestable des révolutions, ne craignez-vous point d’en être précipité par une révolution plus honnête et plus légitime dans son but comme dans ses moyens? Je veux bien croire que vous êtes sincère, qu’indifférent à votre propre grandeur, vous ne songez qu’à celle de la patrie, et que, dans votre noble sollicitude, vous voulez la sauver d’un péril qui vous semble menaçant. Mais pourquoi ne recourez-vous point au véritable remède ? Vous voulez, dites-vous, combattre l’esprit révolutionnaire et mettre un terme à ses envahissements? Changez les lois, réformez les institutions, laissez aux citoyens la jouissance de leurs droits, ne substituez pas insolemment votre volonté à la volonté nationale; en un mot, désarmez d'avance la révolution future; c’est le seul moyen d'arrêter